Si ce n’est pas le cas, c’est normal car celui-ci est encore très peu répandu en France. Il s’agit de la possibilité donnée aux salariées qui le souhaitent de prendre un ou deux jours de congé lors de leurs cycles menstruels si ceux-ci rendent le travail trop difficile. Ces congés sont pris en charge par l’entreprise et se rajoutent aux congés conventionnels.
Ce congé existe déjà au Japon ou en Corée du Sud depuis 1947 et il est étudié actuellement dans le cadre d’un projet de loi en Espagne.
S’évertuer à se rendre au travail et faire comme si de rien n’était alors qu’on est tiraillée par divers symptômes (fortes douleurs, fatigue généralisée, migraines, malaises, baisse de moral, crampes abdominales etc.), ça impose de repousser ses limites physiques et ça a forcément des conséquences mentales.
Les femmes souffrant d’endométriose, de trouble dysphorique prémenstruel ou ayant des cycles menstruels douloureux peuvent appréhender cette période du mois. La perspective d’une présentation en public ou de rendez-vous importants lors des jours les plus forts du cycle devient alors source d’anxiété.
Selon une enquête Ipsos et EndoFrance réalisée auprès de femmes souffrant d’endométriose en 2020, 88% des femmes atteintes estiment que la maladie a un impact sur leur bien-être au travail.
Rappelons-le, le congé menstruel ne concerne pas toutes les personnes menstruées. Il s’applique uniquement à celles qui vivent des cycles trop douloureux pour leur permettre de travailler et qui sont déjà régulièrement obligées de prendre des arrêts de travail lors de ces périodes.
Ce congé leur évite un passage chez le médecin pour justifier de leur absence, sachant que qui dit cycle menstruel, dit souvent récurrence mensuelle. On comprend donc la charge mentale que cela représente pour les personnes concernées de devoir prévoir un rendez-vous médical à chaque fois (sans parler du fait que cela pourrait désengorger les cabinets médicaux).
Le congé menstruel leur permet de se reposer quand cela est nécessaire pour être plus productives et épanouies le reste du temps. Dit comme ça, cette mesure n’aurait que des avantages, pourtant elle a aussi de nombreux détracteurs.
La raison de cette opposition ?
En permettant aux personnes menstruées de prendre plus de congés, certains employeurs pourraient être tentés de moins recruter de femmes (qui sont déjà plus discriminées à l’embauche). Certains hommes pourraient aussi se sentir lésés de ne pas avoir accès à ce jour de congé supplémentaire.
Dans ce cas, la communication interne sur le fait que ce congé menstruel ne concerne pas toutes les femmes mais seulement celles avec des cycles particulièrement douloureux s’impose. Il faut aussi éduquer en interne sur les conséquences des troubles du cycle pour que la prise de ce congé ne passe pas pour un simple manque de volonté. Il est par ailleurs possible d'envisager la mise en place d'un congé supplémentaire pour divers désagréments (migraines, troubles gastriques, etc) qui concerne aussi bien les hommes que les femmes pour éviter le sentiment d'injustice.
Enfin, la question du secret médical fait aussi débat comme le rappelle Elsa Labouret, porte-parole d’Osez le féminisme, au Parisien. Pour obtenir un congé menstruel, il faut forcément prévenir son employeur que l’on souffre de règles douloureuses. Quand on travaille dans un climat de confiance, cela se fait sans problème, mais ce n’est malheureusement pas possible partout.
Malgré ces freins, certaines entreprises françaises ont décidé de se lancer dans l’aventure. C’est le cas notamment de L’équipe Louis et de Critizr. Les premiers retours sont pour le moment enthousiastes de la part des équipes et du management. Si vous souhaitez en savoir plus sur la mise en place du congé menstruel chez Louis, ils ont détaillé “un mode d’emploi” dans cet article et partageront leur bilan un an après la mise en place du congé en mars 2023.
1. Proposer du télétravail quand c’est possible
Une alternative au congé menstruel qui éviterait les éventuelles dérives de discrimination à l’embauche serait la possibilité d’avoir plus de jours de télétravail pour les personnes concernées lors de leurs cycles. Encore faut-il pour cela avoir un poste télétravaillable, ce qui n’est le cas que de 62% des emplois en France.
2. Apprendre à se connaître
Mégane Boutelou est la co-fondatrice de Marketing Flow. Depuis un peu plus d’un an maintenant, elle adapte son rythme professionnel à ses cycles menstruels et a accepté de nous partager son témoignage. Son premier conseil est de se renseigner sur les variations hormonales engendrées par le cycle : “Les quatre différentes phases du cycle ont une grande influence sur l’humeur et l’énergie, il est donc important de le savoir pour mieux se connaître et pouvoir ensuite adapter sa charge de travail et ses missions quand cela est possible. On peut le faire en notant son niveau d’énergie et son humeur au fil des semaines sur une application de suivi comme Clue ou Calendrier des règles ou tout simplement sur un papier pour voir les récurrences qui apparaissent.”
3. Quand c’est possible, adapter son agenda à son cycle
En étant à son compte, Mégane Boutelou a pu adapter plus facilement son emploi du temps à ses cycles. Elle reconnaît que cette mesure est difficile à mettre en place en entreprise, même si les mentalités évoluent peu à peu. Selon elle, il est même possible de faire de son cycle une force en faisant correspondre son agenda aux différentes phases de celui-ci.
“Depuis un an et demi, je note les dates de mes règles et j’ai remarqué que tous les mois revenaient des périodes de grande tristesse, de colère ou de créativité. Il y a vraiment un schéma qui se reproduit et il est clair qu’il est lié à mes cycles. Par exemple, la semaine de mes règles, je n’ai aucune énergie. Mais la suivante, je regorge de créativité et d’énergie. Je cale donc toutes les tâches très demandeuses en créativité ces jours-là. Et pendant mes règles, je ne prévois pas de grosse réunion, de live, de podcast... Je me concentre sur des choses simples.”
4. Proposer des protections hygiéniques dans les bureaux
Si l’adaptation de l’agenda en fonction des cycles menstruels est complexe dans de nombreuses entreprises, une mesure plus accessible est la mise à disposition de protections hygiéniques dans les bureaux. De nombreuses entreprises comme Procter & Gamble, Sarenza, Google ou Microsoft ont déjà sauté le pas.
Quand le cycle arrive plus tôt que prévu et que l’on n’a pas ce qu’il faut pour y faire face, on peut facilement voir son anxiété monter en flèche. Quelques serviettes hygiéniques et/ou tampons dans toutes les toilettes de l’entreprise permettent d’éviter ces moments d’angoisse.
Selon un sondage. YouGov datant de 2019, 70% des femmes interrogées seraient favorables à cette mesure qui ne demande qu’un budget assez restreint (20 euros par mois pour 170 salariées chez Sarenza).
5. Supprimer le délai de carence pour arrêt maladie
Dans les entreprises qui ne souhaiteraient pas mettre en place un congé menstruel, il est néanmoins possible de supprimer le délai de carence pour les personnes devant prendre un arrêt maladie à cause de leurs règles. La plupart des arrêts liés aux douleurs menstruelles ou à de l’endométriose ne durent que quelques jours. Or dans la plupart des conventions collectives, on trouve des délais de carence de 7 jours du côté de l’employeur et de 3 jours du côté de la Sécurité sociale. Pendant ces périodes, les salariées ne sont pas indemnisées et sont donc aussi pénalisées financièrement. En prévoyant la suppression de ce délai de carence au niveau de l’entreprise, on permet aux personnes menstruées devant s’arrêter de ne pas subir une double peine.
Alors que les règles sont un phénomène naturel qui touche 51% de la population (rappelons-le), elles restent trop souvent un sujet tabou, notamment en entreprise. On ne peut donc qu’applaudir le fait que le débat émerge et que de premières entreprises s’emparent du sujet que ce soit via un congé menstruel, des délais de carence réduits, la mise à disposition gratuite de protections périodiques ou tout simplement la possibilité de faire plus de télétravail durant ces périodes. On est certains que la santé physique et mentale des personnes concernées n’en sera qu’améliorée.
Maintenant qu’on vous a dit tout ça, on espère que vous êtes mieux armé(e) face à ces problématiques et que vous saurez faire de votre entreprise un lieu “sang tabou”.
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* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
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