Depuis plusieurs années, la nécessité d’agir à un niveau préventif, et pas uniquement curatif ou correctif en matière de santé (physique et mentale) au travail semble faire consensus.
Comme nous l’expliquions dans notre précédent article, il est dans l’intérêt des entreprises d’agir en prévention pour le bien-être de leurs employés. Et par prévention, nous entendons deux choses :
Pour autant, malgré le consensus sur le constat et la volonté d’agir, les avancées sont encore timides dans les faits. Ainsi, d’après une étude IFOP menée en Mars 2021 auprès de 600 décisionnaires RH et DRH, 65% des décisionnaires RH estiment que leur entreprise agit de façon plus réactive que préventive.
Alors comment agir ? Quelles actions de prévention les entreprises peuvent-elles mettre en place pour faire rimer amélioration des conditions de travail et réussite (de l’entreprise et des individus) ?
Pour limiter et faire face aux risques, l’OMS a défini trois niveaux de prévention, qui s’articulent et sont complémentaires entre eux. Ce sont ceux que l’on désigne par prévention primaire, secondaire, et tertiaire.
Dans cet article, nous nous appuyons sur l’expertise de Louise Pereira, psychologue du travail, pour appliquer ces 3 niveaux de prévention à la gestion des risques psychosociaux (RPS).
C’est l’OMS qui a dessiné cette approche - préventive - de la santé dès 1948 en définissant la prévention comme “ l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps”.
Généralement appliquée dans le domaine de la santé physique, la notion de prévention en santé mentale a peu à peu fait son entrée dans l’univers du travail.
Au niveau des pouvoirs publics, les Plans de Santé au travail 3 (2016-2020) et 4 (2021-2025) ont confirmé ce renversement de perspective. Ces documents élaborés par le Ministère du Travail, qui fixent les grandes orientations stratégiques liées à la santé au travail donnent la priorité “à la prévention, à la qualité de vie et aux conditions de travail comme levier de performance de l’entreprise et de bien-être des salariés.”
En entreprise, ce même renversement s’observe à deux niveaux.
Pour passer de la volonté à l’action, les trois niveaux de prévention définis par l’OMS offrent aux entreprises un cadre stratégique pour définir et prioriser leurs actions.
À quoi correspondent-ils ?
La prévention primaire englobe toutes les actions visant à réduire voire supprimer les facteurs de risques en agissant à la source. La prévention primaire met en œuvre des actions collectives et profondes, qui impactent l’organisation et les méthodes de travail, les relations de travail ou de management.
L’ambition derrière la prévention primaire est de promouvoir un environnement de travail propice à la bonne santé des équipes.
Les risques que la prévention primaire cherche à éviter sont les fameux “risques psycho-sociaux”, dont vous avez déjà sûrement entendu parler. Ce sont les risques pour la santé mentale, physique ou sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels.
L’INRS distingue trois catégories de risques psychosociaux :
Pour identifier les risques que peuvent rencontrer vos équipes, l’ANACT recommande d’analyser les situations de travail réel, en s’appuyant notamment sur des questionnaires, des entretiens individuels ou collectifs ou en animant des groupes de travail.
Le rapport Gollac (2011) identifie 6 principaux facteurs de risques :
Afin de les évaluer pour votre entreprise, l’INRS a mis au point ce guide en 26 questions sur lequel vous pouvez vous appuyer.
Comme la définition de la prévention primaire l’indique, ce niveau de prévention se concentre sur des actions collectives :
Mais parce qu’elle agit sur la source des risques, la prévention primaire est rarement considérée comme un budget prioritaire :
Ainsi, 76% des décisionnaires RH interrogés dans l’étude IFOP affirment que davantage d’actions de prévention seraient mises en place si leur entreprise disposait de plus d’indicateurs sur le retour sur investissement de la prévention.
À cette objection, nous vous parlions dans un précédent article du coût de l’inaction qui constitue un argument de poids pour embarquer sa direction dans une démarche de prévention.
La prévention secondaire regroupe les actions visant à aider les salariés à mieux faire face aux RPS et à mieux gérer leur stress. Il s’agit d’aider les employés à mieux gérer les situations de risques qui n’ont pas pu être évitées, ou qui sont inhérentes au travail.
Ce niveau de prévention met l’accent sur l’individu et s’appuie notamment sur la formation des collaborateurs.
Par exemple, certaines fonctions comme les fonctions support, de service clients, ou d’aidants sont intrinsèquement confrontées à des risques et une exigence émotionnelle forte. Il s’agit donc pour l’entreprise d’outiller ses collaborateurs pour qu’ils puissent faire face eux-mêmes aux situations de risques (mécontentement du public, colère, agressions verbales…).
Autre exemple de prévention secondaire que beaucoup d’entreprises peuvent mettre en place : former les équipes et partager des ressources pour favoriser une meilleure gestion du stress.
La prévention tertiaire n’est plus de l’ordre de l’anticipation : on est déjà dans la réparation. Le dommage a eu lieu mais il s’agit maintenant d’en limiter les conséquences sur les individus. Le type de dommage peut être très varié : burn-out, mal-être important, harcèlement, accident du travail, suicide… La réparation passe souvent par un appui psychologique notamment : la mise en place de cellules d’écoute, l’intervention de psychologues, ou encore le fait de faire appel à de la médiation (dans les situations de conflits ou de harcèlement par exemple).
Avec la prévention tertiaire, on cherche à rétablir l’équilibre de l’organisation.
Ce troisième pilier de prévention est le plus adopté par les organisations car il apparaît comme une nécessité face à des situations critiques ou dégradées qui réclament d’agir rapidement.
Mais contrairement à la prévention primaire et secondaire, l’impact de la prévention tertiaire se limite à des actions ponctuelles. On n’agit pas ici à la racine du risque : c’est donc le niveau de prévention le moins efficace dans la durée.
Pour mettre en place un plan de prévention efficace et cohérent, les entreprises doivent définir des actions sur les 3 niveaux de prévention.
Ce plan d’action fait partie des éléments que les employeurs doivent fournir dans leur DUERP.
Selon Louise Pereira, notre experte psychologue du travail, plusieurs conditions sont déterminantes pour définir correctement son plan d’action :
Pour conclure, si la nécessité de prévenir plutôt que de guérir fait l’objet d’une volonté partagée (des dirigeants, des équipes RH, des collaborateurs), le passage à l’action reste parfois délicat. Les trois niveaux de prévention définis par l’OMS donne donc un cadre aux entreprises pour définir les actions les plus pertinentes qui favorisent une bonne santé de leurs équipes.
Et si vous ne deviez retenir que quelques mots, voici le triptyque que nous proposons chez moka.care pour agir à tous les niveaux :
Rappelez vous, la première étape est d'identifier les risques psycho-sociaux propres à l'organisation. Pour ce faire, vous pouvez réaliser un audit RPS qui vous permettra de définir une feuille de route pour passer à l'action.
Dans ce guide en partenariat avec le cabinet de conseil Korn Ferry, vous apprendrez :
Avec moka.care, donnez accès à vos équipes à :
* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
Dans ce guide en partenariat avec le cabinet de conseil Korn Ferry, vous apprendrez :
Un monde qui change demande des éclaireurs qui évoluent aussi. Dans ce guide en partenariat avec Kea & Partners, vous apprendrez :
Dans ce guide, vous apprendrez comment :
Dans ce guide en partenariat avec Yaggo, vous découvrirez :
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