Depuis quelques années, la parole se libère autour du harcèlement au travail. La médiatisation des procès France Télécom ou les dénonciations relayées par le compte #Balancetastartup ont mis en lumière les comportements abusifs et délétères dont souffrent encore de nombreux salariés.
Pourtant, le sujet demeure mal connu et souvent tabou. Comment distinguer un management toxique d’une pression professionnelle acceptable ? Où se situe la limite entre une blague déplacée et une situation de harcèlement ? Comment identifier et traiter ces situations avant qu'elles ne s’aggravent ?
Les chiffres sont éloquents : selon le Baromètre moka.care x Ifop x GHU Paris sur la santé mentale au travail, 3 salariés sur 10 ne travaillent pas dans un environnement sain et respectueux Un constat alarmant qui souligne l’urgence pour les entreprises d’agir.
Pour mieux comprendre ce phénomène et donner des clés d’action concrètes, nous avons interrogé Camille Sepulchre, thérapeute, et Louise Pereira, psychologue du travail. Leur expertise nous aide à identifier les différentes formes de harcèlement en entreprise et à mieux appréhender leurs conséquences.
Le harcèlement au travail est parfois minimisé, perçu comme de simples maladresses ou lourdeurs. Pourtant, certaines attitudes répétées peuvent gravement impacter le bien-être des salariés et nuire à l’environnement de travail.
Mais où placer la limite ? Une remarque déplacée est-elle forcément du harcèlement ? Une pression excessive peut-elle être considérée comme un abus ? Dans le monde professionnel, où les relations hiérarchiques et la charge de travail génèrent parfois des tensions, il est essentiel de différencier un désaccord ponctuel d’une véritable situation de harcèlement moral ou sexuel.
Le cadre juridique distingue trois formes principales de harcèlement en entreprise :
Le harcèlement moral : caractérisé par des comportements répétés visant à dégrader les conditions de travail d’un salarié et à porter atteinte à sa dignité, sa santé ou son avenir professionnel.
Le harcèlement sexuel : basé sur des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste imposés à une personne de manière répétée.
Le harcèlement moral institutionnel, reconnu par la jurisprudence en 2019 lors de l’affaire France Télécom, qui implique une politique d’entreprise générant un environnement de travail pathogène.
Selon l’article L1153 du Code du travail, le harcèlement sexuel en entreprise se manifeste par :
Des comportements ou propos répétés à connotation sexuelle ou sexiste, portant atteinte à la dignité de la personne ou créant un climat intimidant, hostile ou offensant.
Depuis mars 2022, la notion de harcèlement sexiste a été introduite dans le Code du travail. Elle englobe les attitudes discriminantes liées au genre, même en l'absence d’intention sexuelle. Cela inclut par exemple :
Le harcèlement sexuel est un délit puni de deux ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Les peines peuvent être portées à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende en cas de circonstances aggravantes, notamment si l’auteur des faits abuse de son autorité hiérarchique pour exercer cette pression.
Le harcèlement moral au travail se manifeste souvent de manière insidieuse, rendant son identification complexe. Selon l’article L1152-1 du Code du travail, il est défini comme suit :
« Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique et mentale, ou de compromettre son avenir professionnel. »
Autrement dit, le harcèlement moral regroupe tout comportement répété qui nuit au bien-être d’un salarié, qu’il s’agisse d’un stress chronique, d’une mise à l’écart progressive ou d’une dévalorisation constante.
D’après une étude menée par Ipsos, plusieurs situations sont fréquemment rapportées comme relevant du harcèlement moral en entreprise :
Tâches dévalorisantes et isolement
Mise à l’écart intentionnelle, absence de communication ou suppression d’accès à certaines informations.
Injustices salariales et professionnelles
Brimades et humiliations
Le harcèlement moral peut être le fait d’un individu isolé (un manager, un collègue, un client), mais aussi d’un groupe de personnes. Contrairement aux idées reçues, il ne suppose pas forcément de lien hiérarchique : un salarié peut subir du harcèlement de la part d’un collègue de même niveau, d’un subordonné ou même d’un collectif.
Le harcèlement moral est un délit, sévèrement puni par la loi. Toute personne reconnue coupable de harcèlement moral en entreprise encourt :
Deux ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Ces sanctions peuvent être alourdies en cas de circonstances aggravantes, notamment si les faits ont entraîné une altération grave de la santé de la victime.
Le harcèlement moral institutionnel est une notion juridique récente, reconnue en 2019 à l’issue de l'affaire France Télécom. Ce procès historique, marqué par 10 ans d’instruction, a mis en lumière une réalité troublante : le harcèlement ne provient pas toujours d’un individu, mais peut être le résultat d’une politique d’entreprise délétère.
À la fin des années 2000, France Télécom (aujourd’hui Orange) a mis en place un plan de restructuration massif, prévoyant la suppression de 22 000 postes, soit 1/5ᵉ des effectifs. Cette stratégie a entraîné des pratiques managériales toxiques, provoquant une vague de 60 suicides en trois ans, ainsi que de nombreuses tentatives.
Parmi les méthodes dénoncées dans cette affaire, on retrouve :
Une déstabilisation systématique des équipes
Une mise à l’écart délibérée de certains salariés
Une pression continue et des objectifs inatteignables
Dans ce contexte, les dirigeants n’ont pas directement harcelé des salariés, mais ont conçu et mis en œuvre une politique interne dégradant volontairement les conditions de travail. C’est précisément ce que l’arrêt de la Cour a retenu en statuant que :
"Il s’agit de déterminer si les dirigeants d’une grande entreprise peuvent se voir reprocher des faits de harcèlement moral résultant, non pas de leurs relations individuelles avec leurs salariés, mais de la politique d’entreprise qu’ils avaient conçue et mise en place."
Plusieurs chercheurs, dont Clémentine Bourgeois, Marc Ohana et Sarah Renault, ont identifié trois principaux facteurs organisationnels favorisant le harcèlement moral en entreprise :
Les modes de management
L’organisation du travail
Les changements organisationnels
Le harcèlement moral institutionnel, aussi appelé harcèlement systémique, ne repose pas sur un individu mais sur un mode de gestion nuisible à grande échelle. Il s’agit d’un problème structurel où l’ensemble des salariés subit une dégradation des conditions de travail, entraînant stress, burn-out et détresse psychologique.
Dans ce type de harcèlement, c’est donc l’entreprise dans son ensemble, via sa politique interne et ses choix stratégiques qui est tenue responsable et sanctionnée.
La liste des comportements relevant du harcèlement au travail est certes longue, mais cela ne signifie pas que "l’on ne peut plus rien dire ou faire". Cette idée reçue est dangereuse, car elle minimise la gravité du phénomène et contribue à décrédibiliser les véritables victimes.
Il est essentiel de faire la distinction entre un conflit professionnel légitime et une situation de harcèlement moral.
Le monde du travail implique parfois des décisions impopulaires
Dans ces cas, on parle de gestion et de régulation du travail, et non de harcèlement.
Quand parle-t-on de harcèlement moral ?
Ce qui distingue un simple désaccord ou une critique légitime d’une situation de harcèlement, ce sont deux éléments clés :
La répétition et la systématisation
L’absence de justification professionnelle valable
Certains cas de harcèlement peuvent être manifestes : un surnom déplacé que l’on entend à répétition, un mail incendiaire qu’on intercepte, etc. Mais parfois (malheureusement), le harcèlement est plus insidieux, plus discret, et donc, plus délicat à repérer.
Cela est dû à plusieurs facteurs :
“Certaines victimes peuvent se sentir coupables de leur vulnérabilité. Par honte, ou même parfois par peur des potentielles conséquences, les harcelés peuvent ne pas oser prendre la parole.”
Chez moka.care, nous sommes convaincus que la santé mentale des collaborateurs est un levier essentiel pour une entreprise saine et performante. Pourtant, le harcèlement au travail reste encore trop souvent tabou, et de nombreuses victimes n’osent pas en parler. Comment encourager la prise de parole et prévenir ces situations ?
Un dispositif d’alerte anonyme et sécurisé
Pour permettre aux salariés de signaler une situation à risque en toute confidentialité, moka.care propose un dispositif d’alerte anonyme. Cet outil permet aux collaborateurs de :
Un accompagnement global pour instaurer une culture de prévention
Au-delà du dispositif d’alerte, moka.care aide les entreprises à prévenir et gérer le harcèlement grâce à :
Créer un environnement de travail sain, c’est aussi donner aux équipes les moyens d’agir.
Dans ce guide en partenariat avec le cabinet de conseil Korn Ferry, vous apprendrez :
Avec moka.care, donnez accès à vos équipes à :
* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
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Un monde qui change demande des éclaireurs qui évoluent aussi. Dans ce guide en partenariat avec Kea & Partners, vous apprendrez :
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