Une personne sur cinq va vivre une dépression au cours de sa vie selon l’OMS. Quant au burn-out, il toucherait entre 300 000 et 500 000 Français.
Si le burn-out et la dépression sont loin d’être l’apanage des sportifs de haut niveau, les solutions utilisées par ces derniers peuvent inspirer chacun d’entre nous. Ces troubles représentent un défi immense : ils affectent non seulement la performance et le bien-être mental, mais aussi la santé physique et les relations personnelles. Surmonter un burn-out ou une dépression demande souvent du temps et un soutien adéquat, mais il est possible de s'en sortir et de retrouver un équilibre de vie.
Nous avons eu l’opportunité d’échanger à ce sujet avec Jérémy Florès, surfeur européen le plus titré de l’histoire, et Laura Marino, ex-championne d’Europe de plongeon en individuel et championne du monde en équipe. Tous deux ont partagé leurs expériences au micro de des Secrets du mental.
Nous espérons que leur courage et les stratégies qu’ils ont déployées pour faire face à ces défis vous inspireront et vous aideront à surmonter vos propres obstacles.
Le burn-out, souvent décrit comme un état d'épuisement émotionnel, mental et physique, est le résultat d'un stress excessif et prolongé. Ce processus insidieux démarre par des symptômes qui peuvent passer inaperçus si on n’y prête pas attention. Ceux-ci vont alors s'aggraver progressivement jusqu'à atteindre un point critique d’épuisement sévère et de déconnexion émotionnelle si aucune mesure n'est prise.
Laura Marino, ex-championne d’Europe de plongeon en individuel et championne du monde en équipe a partagé son expérience qui illustre parfaitement cet engrenage destructeur.
- Le manque de sommeil et les insomnies chroniques ont été les premiers signaux d'alerte pour Laura. La fatigue accumulée l'a empêchée de récupérer correctement, affectant non seulement ses performances sportives mais aussi son bien-être général. “Ça a commencé par un épuisement à la fois mental, physique et émotionnel.” nous confie-t-elle. A cette période, elle doit prendre des anxiolytiques, voire des somnifères pour trouver le sommeil.
- De mauvaises relations avec son entraîneur ont également contribué à son épuisement. Se sentant incomprise et non soutenue sur les leviers de motivation qui étaient vraiment importants pour elle, Laura a commencé à perdre sa passion pour le sport.
- Le manque d'équilibre dans sa vie a été un autre facteur crucial. Lors de la préparation pour les Jeux Olympiques, Laura ne vit que pour le plongeon, négligeant les autres aspects de sa vie personnelle. Ce dévouement total devient finalement contreproductif, et altère son énergie et sa motivation.
Laura se souvient du moment où elle a compris l'ampleur de son épuisement :
Un soir, je me suis mise à pleurer sans explication. J’avais la boule au ventre à l’idée de retourner à l’entraînement le lendemain.
Ce sentiment de désespoir et d'épuisement émotionnel est un indicateur classique du burn-out.
Jérémy Florès, surfeur européen le plus titré de l’histoire, a également connu un parcours marqué par de nombreux sacrifices et une pression incessante depuis ses douze ans, âge auquel il a rejoint l’équipe de France. Alors que les jeunes de son âge sortaient et profitaient de leurs adolescences, lui se concentrait sur ses compétitions.
Bien que son palmarès soit impressionnant, les exigences du sport de haut niveau l'ont conduit à négliger ses propres besoins et à ignorer les signaux d’alerte que son corps et son esprit lui envoyaient.
On ne s’en rend pas compte quand on devient dépressif, ça vient progressivement. A 22 ou 23 ans, j’ai eu besoin de rattraper tout ce que je n’avais pas fait avant, de faire beaucoup la fête. Je ne voyais plus ma famille. Je ne savais plus qui étaient mes vrais amis. J’ai fini par me retrouver seul dans une chambre d’hôtel à regarder le plafond et à me demander qui j’étais. C’est là que j’ai senti que quelque chose n’allait pas bien.
Pour éviter de tomber dans l’engrenage du burn-out, il est crucial de savoir repérer les signaux faibles. Marie-Laure Brunet, ancienne biathlète de haut niveau et experte en préparation mentale, que nous avons également reçu dans le podcast souligne l'importance de la vigilance et de l’écoute de soi.
Les signaux faibles peuvent inclure des symptômes comme :
Marie-Laure conseille de prendre ces signes au sérieux et de chercher de l’aide dès leur apparition.
Accepter une maladie mentale comme le burn-out ou la dépression est souvent un processus long et ardu, particulièrement pour les athlètes de haut niveau. Laura Marino et Jérémy Florès en ont fait l’expérience.
Pour Laura Marino, l'acceptation de son burn-out a été un véritable défi alors qu’elle venait tout juste de remporter son titre de championne du monde du plongeon en équipe :
Je suis allée voir la fédération et je leur ai dit que je n’en pouvais plus. Mon burn-out, c’était comme une blessure physique, comme si je m'étais cassé la jambe. Sauf que c’était à l'intérieur de moi et que ça ne se voyait pas.
Cette difficulté à reconnaître une blessure invisible rend le processus de guérison d'autant plus complexe. Laura a dû accepter que son état nécessitait autant de soin qu'une blessure physique.
Jérémy Florès, quant à lui, nié sa dépression pendant plusieurs années. "Longtemps, j’ai eu peur de prononcer le mot dépression. Dans le monde du surf, et du sport en général, on nous apprend à être forts, à ne jamais montrer nos faiblesses," explique-t-il. Cette culture de la force et de la résilience a retardé l’acceptation de son état. Jérémy raconte un moment de crise lors d'une compétition en Afrique du Sud : "J’ai pété les plombs. J’ai commencé à insulter tout le monde et à tout casser dans la tour des juges." Ce moment de perte de contrôle a été une prise de conscience brutale de l'ampleur de son mal-être.
Reconnaître et accepter une maladie mentale comme le burn-out ou la dépression demande du courage, particulièrement dans un environnement où la vulnérabilité est souvent perçue comme une faiblesse. Laura et Jérémy ont dû surmonter cette stigmatisation pour commencer leur chemin vers la guérison.
Outre la difficulté d'accepter leur propre état, Laura Marino et Jérémy Florès ont également parfois fait face à l'incompréhension de leur entourage.
Laura évoque ce défi :
Le plus dur dans le burn-out, c'est que les gens ne comprennent pas vraiment ce qu’il t’arrive. On est extrêmement diminué mais ce n'est pas quelque chose qui se voit. Quand tu te casses la cheville, tu as quelque chose à montrer... Moi, mon mental et mes émotions, personne ne les voyait.
Jérémy Florès a également ressenti cette incompréhension de la part de son entourage. "Je me disais que j’étais fort et que je n’avais besoin de personne," confie-t-il. Cette attitude a isolé Jérémy et a rendu plus difficile pour ses proches de comprendre et de soutenir sa lutte contre la dépression.
Une fois la prise de conscience réalisée, il est essentiel de se faire aider. Cela peut notamment passer par un accompagnement psychologique.
Laura Marino explique l'importance de sa thérapie : "Je voyais ma psychologue deux fois par semaine. C’était ma soupape de décompression. C'est comme si j'étais le fantôme de moi-même tout le temps, mais quand j’étais dans son bureau, je devenais un moulin à paroles." Cette thérapie a permis à Laura de verbaliser ses émotions et de trouver un espace sécurisé pour exprimer son mal-être et l’extérioriser. Elle a également fait de l’hypnose afin d’entamer son processus de guérison.
La reconstruction après un burn-out ou une dépression repose sur la mise en place de piliers solides dans sa vie quotidienne. Il est essentiel de redéfinir ses priorités et de trouver des activités qui apportent de l’énergie et du bien-être. Ces activités "ressource" varient pour chacun, mais elles partagent le même objectif : aider à retrouver un équilibre et à se reconnecter avec soi-même.
Pour Laura Marino, cela repose sur quatre piliers essentiels : le sport, le sommeil, l’alimentation, et le voyage.
Laura explique : "Je pense que pour les personnes qui vivent ou qui ont vécu un burn-out, ce qui est important, c'est de se demander qui j'ai envie d'être. Et de trouver une source d'énergie qui permette de se lever le matin." Le sport reste une partie intégrante de sa vie, en faisant attention à ne pas se fixer d’objectifs trop difficiles et a surtout garder le côté plaisir. Elle a aussi compris l'importance du sommeil pour récupérer et de maintenir une alimentation saine pour son bien-être global.
Le voyage, en particulier, a joué un rôle crucial dans son rétablissement : "Le voyage, c’est ce qui m'a permis de reprendre foi en la vie et de me retrouver moi-même." Voyager lui a offert une nouvelle perspective, lui permettant de se ressourcer différemment de son quotidien.
L’entourage joue un rôle crucial dans le processus de guérison après un burn-out ou une dépression. Le soutien émotionnel et la compréhension des proches peuvent jouer une différence significative dans le rétablissement. Il est donc important de communiquer ouvertement avec eux sur ses besoins et ses limites.
Jérémy Florès, de son côté, a retrouvé son équilibre en mettant les autres au centre de sa vie. "Quand j’ai repris les compétitions suite à la naissance de ma fille, j’étais beaucoup plus serein, je me mettais moins la pression," confie-t-il. Le fait de devenir père a été un tournant majeur dans son parcours, l’incitant à revoir ses priorités et à réduire la pression qu'il s’imposait.
Il a également décidé de plus se concentrer sur les autres :
Ça me fait du bien de ne pas penser qu’à moi ou à ma carrière mais aussi à eux. Le sport de haut niveau c’est une forme d’égoïsme car tout tourne autour de soi et de sa propre réussite. Aujourd’hui, je ne veux plus que ce soit le cas, je veux que mes proches qui soient heureux.
Jérémy a pris la décision de mettre fin à sa carrière de compétition pour se concentrer sur sa famille suite à la naissance de son deuxième enfant, une décision qui lui a apporté plus de sérénité.
Tant pour Laura que pour Jérémy, accepter que la guérison soit un processus sur le long terme a été fondamental. Jérémy souligne : "Je vais être honnête, je ne peux pas dire que je suis guéri à 200%, que tout va bien et que la vie est magique. Je me bats tous les jours quand ce petit nuage revient et pour cela je me raccroche à ma famille, à l’essentiel." Il a appris à se concentrer sur les émotions positives et à visualiser la dépression comme un nuage qu’il faut continuellement chasser.
Il peut d’ailleurs être parfois difficile d’accepter de ne pas savoir combien de temps prendra la guérison comme le confie Laura Marino : “En kiné, on m'a appris qu'un os, ça met en moyenne 90 jours pour se pour se réparer. Un muscle, ça peut être 6 semaines. Mais le mental, les blessures, les traumatismes… il n'y a pas de règles. Je n’ai pas de référentiel.”
Marie-Laure Brunet partage cette perspective en soulignant l'importance de prendre du temps pour soi : "Il faut accepter que se reconstruire après un burn-out prend du temps.” Prendre du temps pour soi, pour se ressourcer, s’entourer des personnes qui nous font du bien est essentiel. Le soutien de l’entourage et la patience sont des éléments clés pour se reconstruire durablement.
Tous ces athlètes montrent par leurs expériences que retrouver un équilibre après un burn-out ou une dépression n’est pas une question de guérison rapide, mais de reconstruction patiente autour de piliers solides. Que ce soit à travers le sport, les voyages, le soutien de la famille, ou l’acceptation des hauts et des bas, chacun peut trouver son propre chemin vers un meilleur équilibre.
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