Phénomène méconnu, l’addiction au travail toucherait pourtant plus de 10% de la population, selon les secteurs.
“Elle se tue à la tâche”, “c’est un vrai bourreau du travail”, des expressions qui peuvent sembler positives et élogieuses mais qui restent pourtant très sombres. En japonais, le terme “karōshi” désigne la mort subite des employés, par AVC, arrêt cardiaque ou suicide suite à une surcharge de travail, un trop gros stress ou un surmenage. Le karōshi est officiellement une maladie professionnelle au Japon depuis les années 70.
Mais ne vous en faites pas, rien d’insurmontable : Louise Pereira, psychologue du travail chez moka.care nous donne ses conseils pour accompagner les collaborateurs souffrant d’addiction au travail. On vous en dit plus dans cet article.
L’addiction au travail, aussi appelée ergomanie ou “workaholisme” (provenant des mots anglais “work” et “alcoholism”) est un concept créé en 1971 par le psychologue américain Wayne Oates. Il se manifeste par un comportement compulsif envers l’activité professionnelle et une dépendance au travail. Le workaholisme se base sur deux dimensions principales : une dimension comportementale caractérisée par le fait de travailler de longues heures même hors du lieu de travail, et une dimension psychologique marquée par un besoin de travailler comme une pulsion intrinsèque.
Les personnes addictes au travail se retirent progressivement de leur vie personnelle et familiale car elles accordent toute leur attention et énergie à leur vie professionnelle. Elles arrêtent peu à peu leurs loisirs et se désintéressent de ce qui n’est pas lié au travail. Cette addiction se traduit également par des symptômes physiques et émotionnels : troubles du sommeil, difficultés de concentration, stress au travail, mal-être, hypersensibilité émotionnelle et parfois même pensées suicidaires.
Louise Pereira nous explique que depuis la crise du COVID-19, la difficulté à dissocier vie privée et vie professionnelle a pu être un facteur aggravant chez certaines personnes : “Depuis la pandémie, le passage au télétravail et l’usage intensif des technologies a généré un phénomène d’hyperconnexion. Le brouillage entre vie privée et vie professionnelle qui en a résulté a constitué chez certains un phénomène aggravant.”
Selon une étude menée par l’Université de Bergen sur plus de 16.000 actifs norvégiens, les personnes addictes au travail sont plus susceptibles de souffrir de troubles psychiatriques comme l’hyperactivité, la dépression, l'épuisement professionnel (burn-out), un trouble d’anxiété généralisé, ou un trouble obsessionnel compulsif. Par exemple, un peu plus d’un répondant sur dix ne souffrant pas d’ergomanie souffre d’anxiété, contre plus d’un tiers des répondants souffrants d’ergomanie. Cependant, cette étude ne détermine pas si l’ergomanie provoque ces troubles ou si elle en découle. (Les Echos, 2016)
“Le traitement de l’addiction au travail commence par une consultation chez un professionnel de santé, par exemple le médecin généraliste, qui pourra orienter vers un professionnel de la santé mentale, psychiatre ou psychologue”, nous explique Louise Pereira.
Une méthode efficace contre le workaholisme est la thérapie cognitive et comportementale (TCC). Le but est de comprendre le cheminement du comportement addictif : son origine et son développement, et de mettre en place d’autres comportements, pour s’en détacher.
Les outils digitaux comme des questionnaires en ligne ou des programmes vidéo de santé mentale peuvent apporter de l’aide pour la prévention des risques et la prise de conscience de la situation mais doivent rester un soutien en complément d’un accompagnement plus traditionnel.
“L’outil numérique peut fournir un soutien temporaire et permettre de sensibiliser aux comportements addictifs, et ainsi de faciliter la prévention. Toutefois, le recours à un professionnel de santé demeure essentiel pour un traitement efficace sur le long terme”, confirme Louise Pereira.
Même si chaque personne est différente et que certaines personnalités sont plus susceptibles de souffrir d’addiction au travail que d’autres, il ne faut pas oublier le rôle central de la culture d’entreprise dans le développement de cette addition.
En 2020, selon la société Asana, 71 % des travailleurs se sont retrouvés en situation de surmenage. Le nombre d’employés ayant effectué des heures supplémentaires a atteint 87 % (Ecole du stress).
La performance est un sujet très important en entreprise, par conséquent, le sujet de l’addiction au travail y reste souvent tabou. Pour contrer cela, la sensibilisation des collaborateurs aux risques professionnels et aux questions de bien-être au travail est essentielle.
Pour ce faire, il est nécessaire d’expliquer la notion d’addiction au travail, afin que chacun soit en mesure d’en reconnaître les signaux. Il est également primordial d’aborder la question des risques psychosociaux (RPS). Notre experte insiste : “la formation des managers pour repérer ce comportement et y être attentifs s’avère cruciale”.
L’addiction au travail est un défi croissant dans un monde du travail très connecté, prônant la performance. Comprendre les risques de cette addiction et savoir en détecter les premiers signes est essentiel pour restaurer cet équilibre personnel-professionnel, et les entreprises ont un rôle à jouer pour créer un environnement de travail sain et durable. Si vous pensez que certains collaborateurs de votre entreprise peuvent être concernés par une addiction au travail, n’oubliez pas que nos psychologues moka sont là pour vous aider.
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* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
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